M. Macron va-t-il changer les règles de l’héritage ?
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain
Des libéraux, comme M. Bébéar ou M. Koenig, proposent d’instaurer en France une totale liberté testamentaire comme aux États-Unis et pressent le Président d’agir en ce sens.
Le spectacle désolant donné par les héritiers de Johnny Hallyday illustre les différences entre la France et les États-Unis pour ce qui concerne l’héritage. Chez nous (comme dans la grande majorité des pays occidentaux), on ne peut pas déshériter un enfant. Un Français a le droit de disposer comme il l’entend de 50 % de ses biens après sa mort s’il a un fils ou une fille, de 33 % s’il y en a deux et de 25 % au-delà. Néanmoins, on peut donner la totalité de ses biens en usufruit à son conjoint survivant, ce qui crée des frustrations en cas de remariage, surtout si la bénéficiaire a le même âge que ses beaux-enfants. Et on peut aussi, grâce aux assurances-vie, contourner ces dispositions (sans dépasser certaines limites).
L’héritage est source d’inégalité. C’est même la plus importante. Donations et héritages constituent 20 % des revenus en 2018. Ce pourcentage montera à 33 % en 2050. Cette proportion est énorme, mais seuls les plus aisés touchent ce pactole. Dans 30 % des cas, l’héritage s’élève à moins de 8.000 €, dans 85 % des cas, il ne dépasse pas 100.0000 € et il est, en moyenne, de 50.000 €.
Des réformateurs (de gauche) préconisent de confisquer tous les héritages au profit d’un « pot » commun qui permettrait de verser 40.000 euros à chaque Français à sa majorité, ce qui les lancerait dans la vie. Mais une telle mesure révolterait ceux qui ont quelques biens et, du fait de cette résistance, ne se fera jamais. Même la défunte et communiste Union soviétique n’a jamais osé mettre en place une telle spoliation. D’autant plus que les moyens de contourner la suppression de l’héritage seraient nombreux. Il suffirait de donner son capital de son vivant à ses enfants (comment l’interdire sans abolir la propriété privée ?).
À côté de ces extrémistes, des libéraux, comme M. Bébéar ou M. Koenig, proposent d’instaurer en France une totale liberté testamentaire comme aux États-Unis et pressent le Président d’agir en ce sens. M. Macron, qui combat toutes les formes de rentes, modifiera-t-il les règles existantes ? On verra ce qu’il décidera. Les partisans des lois américaines sur l’héritage prétendent qu’une telle modification permettrait une circulation plus rapide des biens (on hérite, en moyenne, à 60 ans et on a tendance à économiser ce qu’on a reçu). Ils donnent également en exemple des milliardaires qui donnent 1 % de leur capital à leurs enfants (ce qui suffit pour vivre sans travailler) et qui offrent 99 % de leurs biens à des organisations philanthropiques. Néanmoins, ce phénomène touche surtout uniquement les self-made-men, qui n’ont pas hérité de leur fortune. Les membres des grandes familles comme les Rockefeller ne le font jamais !
Mais une telle réforme heurterait culturellement les Français et serait difficilement acceptée. On craint la belle-mère qui spolierait les enfants d’un premier lit ou l’infirmière cupide qui circonviendrait un malade. Nous sommes des latins et nous n’avons pas la mentalité anglo-saxonne dont le rapport avec l’argent est si particulier.
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Des libéraux, comme M. Bébéar ou M. Koenig, proposent d’instaurer en France une totale liberté testamentaire comme aux États-Unis et pressent le Président d’agir en ce sens.
Le spectacle désolant donné par les héritiers de Johnny Hallyday illustre les différences entre la France et les États-Unis pour ce qui concerne l’héritage. Chez nous (comme dans la grande majorité des pays occidentaux), on ne peut pas déshériter un enfant. Un Français a le droit de disposer comme il l’entend de 50 % de ses biens après sa mort s’il a un fils ou une fille, de 33 % s’il y en a deux et de 25 % au-delà. Néanmoins, on peut donner la totalité de ses biens en usufruit à son conjoint survivant, ce qui crée des frustrations en cas de remariage, surtout si la bénéficiaire a le même âge que ses beaux-enfants. Et on peut aussi, grâce aux assurances-vie, contourner ces dispositions (sans dépasser certaines limites).
L’héritage est source d’inégalité. C’est même la plus importante. Donations et héritages constituent 20 % des revenus en 2018. Ce pourcentage montera à 33 % en 2050. Cette proportion est énorme, mais seuls les plus aisés touchent ce pactole. Dans 30 % des cas, l’héritage s’élève à moins de 8.000 €, dans 85 % des cas, il ne dépasse pas 100.0000 € et il est, en moyenne, de 50.000 €.
Des réformateurs (de gauche) préconisent de confisquer tous les héritages au profit d’un « pot » commun qui permettrait de verser 40.000 euros à chaque Français à sa majorité, ce qui les lancerait dans la vie. Mais une telle mesure révolterait ceux qui ont quelques biens et, du fait de cette résistance, ne se fera jamais. Même la défunte et communiste Union soviétique n’a jamais osé mettre en place une telle spoliation. D’autant plus que les moyens de contourner la suppression de l’héritage seraient nombreux. Il suffirait de donner son capital de son vivant à ses enfants (comment l’interdire sans abolir la propriété privée ?).
À côté de ces extrémistes, des libéraux, comme M. Bébéar ou M. Koenig, proposent d’instaurer en France une totale liberté testamentaire comme aux États-Unis et pressent le Président d’agir en ce sens. M. Macron, qui combat toutes les formes de rentes, modifiera-t-il les règles existantes ? On verra ce qu’il décidera. Les partisans des lois américaines sur l’héritage prétendent qu’une telle modification permettrait une circulation plus rapide des biens (on hérite, en moyenne, à 60 ans et on a tendance à économiser ce qu’on a reçu). Ils donnent également en exemple des milliardaires qui donnent 1 % de leur capital à leurs enfants (ce qui suffit pour vivre sans travailler) et qui offrent 99 % de leurs biens à des organisations philanthropiques. Néanmoins, ce phénomène touche surtout uniquement les self-made-men, qui n’ont pas hérité de leur fortune. Les membres des grandes familles comme les Rockefeller ne le font jamais !
Mais une telle réforme heurterait culturellement les Français et serait difficilement acceptée. On craint la belle-mère qui spolierait les enfants d’un premier lit ou l’infirmière cupide qui circonviendrait un malade. Nous sommes des latins et nous n’avons pas la mentalité anglo-saxonne dont le rapport avec l’argent est si particulier.
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