[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | « ...nous avons tout à la fois plus de réformes à faire et chaque jour moins de pouvoir pour les réussir, parce que moins de leviers nationaux pour agir tant que l’Etat est en faillite ». Luc Ferry. |
Portemont, le 12 septembre 2010
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« Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je dis de la prose, sans que j'en susse rien; et je vous suis le plus obligé du monde, de m'avoir appris cela. »
Luc Ferry, un souverainiste qui s’ignore
Nulle explication ne rend mieux compte de l’incapacité actuelle de la France à affronter solidement les défis de ce temps que celle liée à la perte de sa souveraineté.
Comme beaucoup d’autres, nous ne cessons de dénoncer, ici ou là, l’impuissance de la France à maîtriser son destin, en mettant sans façon cette impotence sur le compte des entraves internationales qui assujettissent de toutes parts son indépendance, si chèrement acquise au fil des siècles.
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Sous l’effet conjugué du sentiment dominant qui voit dans la survivance des Etats la source de tous les maux de la planète et d’une idéologie mondialiste qui ne cesse de plaider pour une régulation des besoins des Nations dans le seul cadre étroit du multilatéralisme, la France s’est engagée de longue date dans un processus d’aliénation extérieure qui la condamne définitivement, de convention mal négociée en traité inopérant, à dépendre de façon croissante du diktat sournois d’organisations internationales qui s’appliquent rien moins qu’à défaire davantage notre pays de ses marges de souveraineté.
La perte de l’indépendance de la France se vérifie partout car, au trébuchet des atteintes incessantes portées à ses compétences régaliennes, qui découlent de ses multiples appartenances internationales, les mécomptes enregistrés par notre pays sont chaque jour plus nombreux : au plan économique avec l’Union européenne et l’Organisation Mondiale du Commerce, au plan financier avec la Banque Centrale européenne, mais aussi au plan militaire avec l’OTAN, ou bien encore au plan normatif, judiciaire et sécuritaire, avec la Cour de justice européenne de Bruxelles, la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg et la Cour pénale internationale.
Jusqu’alors soigneusement dissimulées par nos oligarchies, ces réalités sont de moins en moins occultées du regard de nos compatriotes à mesure que se manifestent chaque jour les signes tangibles de l’impuissance de la France.
Dernier signe de ce dégel de la pensée officielle, l’article paru ce 26 août 2010 dans les colonnes du Figaro, sous la plume inspirée de l’un de ses chroniqueurs attitrés, Luc Ferry.
Philosophe de renom, Luc Ferry est une figure éminente du gotha médiatico-politique, ce qui confère à son analyse un intérêt indiscutable.
Nous ne bouderons donc pas notre plaisir à parcourir un texte dont le seul titre, Le vrai défi du président de la République :
l’impuissance publique, nous inspire d’emblée un vif sentiment de satisfaction.
L’ancien ministre de la Jeunesse, de l’Education et de la Recherche du gouvernement Raffarin dresse sans détour un diagnostic lucide de l’état de notre pays :
«... pour le moment, c’est l‘impuissance publique qui domine encore et toujours la vie politique ».
« Pourquoi ? » s’interroge-t-il.
« Fondamentalement, parce que les déficits et la dette nous privent des moyens réels d’agir dans le contexte d’une mondialisation qui ne peut empêcher les marchés financiers, en réalité les prêteurs, d’attaquer les pays qui ne font pas leur travail en matière de gestion de l’argent public.
Or, nous nous sommes nous-mêmes livrés à eux pieds et poings liés ». Luc Ferry poursuit finement son analyse :
« Toute l’action publique en est amoindrie, rétrécie, privée d’imagination parce que les ministres savent qu’en raison du contexte international, même s’ils avaient des idées (ce qui, après tout, n’est pas totalement à exclure), ils n’auraient de toute façon aucun moyen pour les réaliser.
Tandis que la mondialisation nous impose à nous, vieux Etats providence, des réformes de plus en plus difficiles si nous voulons résister à la pression des nouveaux entrants - la Chine, l’Inde, le Brésil…-, elle nous retire chaque jour davantage, et ce d’un même mouvement, les moyens de les mettre en œuvre tant que nous ne sommes pas vertueux ».
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Pressentant, à ce stade du raisonnement, l’insuffisance d’une explication strictement économique, l’auteur du « Nouvel Ordre écologique » en vient à dénoncer un paradoxe essentiel qui frappe rien moins que d’obsolescence ce vieux clivage droite/gauche, qui corrompt tant au fond nos débats politiques contemporains :
« ...nous avons tout à la fois plus de réformes à faire et chaque jour moins de pouvoir pour les réussir, parce que moins de leviers nationaux pour agir tant que l’Etat est en faillite ».
Et de terminer, en plaçant enfin sa réflexion dans une juste perspective politique :
« La question des marges de manœuvre est la question numéro un de la vie politique moderne…
Comment reprendre la main sur un cours du monde qui nous échappe de toutes parts afin d’adapter autant que possible nos vieux Etats providence à la réalité de la mondialisation sans faire trop de casse sociale ?
Telle est la seule question qui vaille.»
Adoptant innocemment les traits du personnage de Monsieur Jourdain, Luc Ferry nous offre ainsi, sans le savoir (?), une analyse imparable des ressorts immédiats qui justifient de l’impuissance de notre pays, que ne renierait d’évidence aucun partisan sincère de la souveraineté de la France.
Bien que convaincant dans ces prémices, ce point de vue demeure toutefois inachevé car, prisonnier sans doute du politiquement correct, Luc Ferry se refuse à aller jusqu’au bout d’un raisonnement qui nous dévoilerait le mode opératoire permettant à la France de se guérir enfin de l’asthénie fatale dont elle souffre inexorablement.
Car en vérité, l’ancien ministre n’ignore pas que la France regagnera assurément ses « marges de manœuvres », aujourd’hui perdues, qu’à la seule condition de recouvrer la plénitude de sa souveraineté, qui reste au fond le seul véritable préalable à son indépendance authentique, non sans qu’elle ne néglige simultanément de renouer, au plan international, avec les vertus d’une politique inter étatique qui se détournerait résolument des périls consubstantiels aux accords multilatéraux.
Quand donc Luc Ferry reconnaîtra-t-il ainsi à la France, et avec lui la classe politique française en son entier, la légitimité de notre pays à exercer un droit d’inventaire qui l‘autoriserait, en définitive, à remettre à plat ses engagements internationaux pour mieux dénoncer ceux qui la désarment tant, sans autrement lui garantir de salutaires contreparties, à l’exemple de son appartenance à l’Union européenne?
Karim Ouchikh
26 août 2010
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