par Caton l'Ancien Sam 25 Déc 2010, 21:43
Un article intéressant de Michel de Poncins, notamment sur le nombre de passagers transportés...
Tocqueville Magazine
LE FLASH
(A diffuser largement)
LUNDI 20 DECEMBRE 2010
PASSAGES A NIVEAU ET RUINE DE LA SNCF
Résumé :
Le terrible accident du 14 décembre 2010 et tous les accidents précédents ont un lien évident avec la ruine de la SNCF. Il est utile de cerner les causes multiples de cette ruine en particulier grâce aux rapports de la Cour des Comptes. La SNCF est un des nombreux mammouths qui paralysent
l'économie française et auxquels un pouvoir « Libérateur »
devrait s'attaquer avec résolution.
LES ACCIDENTS
De nouveau un terrible accident de
passage à niveau. Le 14 décembre 2010 au passage de Jonches dans
l'Yonne, un bus scolaire a été percuté par un TER. Plusieurs
enfants ont été blessés. Ce passage à niveau était classé
comme préoccupant parce qu'il y avait 15 000 passages de véhicules
par jour.
La SNCF est coutumière de ce type
d'accidents. Il existe 15 100 carrefours où quotidiennement le
trafic routier rencontre le trafic ferroviaire et en 2007 ils ont été
l'occasion de 115 collisions avec 38 tués.
La SNCF prétend nous consoler en
remarquant que le nombre de collisions diminue grâce à ses
efforts. En 1997 nous en étions à 184 accidents. Également le
nombre de personnes tuées est en diminution puisqu'alors, nous en
avions 51 par an !
En 2008 après un épouvantable
accident, François Fillon déclara « qu'il va falloir accélérer
la suppression des passages à niveau qui sont encore trop nombreux
en France ». Après les larmes et résolutions d'usage, les jeux
politiciens ont repris de plus belle.
Si la SNCF était une entreprise
indépendante et rentable, comme elle devrait l’être, il y a très
longtemps qu'elle aurait dégagé les moyens humains et financiers
nécessaires pour résoudre rapidement ce problème, ne serait-ce que
pour faire face aux risques juridiques qui pourraient inquiéter ses
dirigeants.
Mais c'est une entreprise publique et
en ruine comme tous les dinosaures publics. On est donc bien obligé
de lier dans les faits l’état calamiteux des passages à niveau
avec la déroute financière de la SNCF.
Simultanément un autre fait
intervient ; au même moment se déroule le procès de l'assassinat dans
un RER de la merveilleuse Anne-Lorraine Schmitt et d'étranges liens
apparaissent. En effet, à l'occasion du procès, il se révèle que ce RER
est très souvent vide et les jeunes femmes tremblent de peur
en l'empruntant, certaines d'entre elles ayant fait des rencontres
terrifiantes. La SNCF, entreprise publique, fait donc rouler des RER
vides sans se soucier du reste. Voici parmi de multiples autres
causes une des raisons de la ruine de la SNCF.
SNCF ET RFF
En évoquant cette ruine, il faut
évidemment englober Réseau Ferré de France (RFF) tant les comptes
sont imbriqués et obéissent au bon plaisir changeant des
politiques.
La Cour des Comptes a démontré que,
la séparation entre SNCF et RFF s’est effectuée dans le plus
complet désordre. Si les immobilisations ont bien été transférées
à RFF, les dettes sont restées pour des raisons obscures dans le
bilan de la SNCF avec en contrepartie une créance sur RFF : la
clarté n’était pas au rendez-vous. Chacun pouvait espérer que
les flux financiers seraient transparents entre les deux entités
désormais séparées, or il n’en n’est rien.
RFF reçoit la contribution que l'État
versait auparavant déjà à la SNCF pour les charges
d’infrastructure et l’on se demande devant cette information à
quoi répondait en fait la création de la nouvelle entité !
Elle reçoit aussi de la SNCF le produit des péages pour l’usage
des réseaux.
Mais la SNCF a gardé « l’entretien
du réseau dont elle n’est plus propriétaire et le fonctionnement
des installations techniques et de sécurité.» Elle verse
donc une rémunération à RFF à ce sujet ; la Cour, avec son
langage feutré habituel, remarque que ces échanges d’argent
présentent « quelques lacunes. », ce qui en bonne
comptabilité signifie que personne ne s’y retrouve. En fait,
c’est l’illustration de la politique du « bon
plaisir » qui aboutit à prendre des décisions un peu au hasard
selon les intérêts très provisoires des politiques et pas du tout dans un
vrai cadre contractuel : « La convention de gestion
est imprécise et elle est imparfaitement appliquée. » Quant au
tarif des péages versés à RFF, il est tout simplement fixé
« selon la capacité contributive de la SNCF » : en
d’autres termes, « Vous me devez de l’argent mais ce sera
selon ce que vous pourrez payer ! »
La conséquence sur le résultat net
apparent de l’entreprise ferroviaire a, certes, été
immédiate : dès 1997, le résultat est devenu positif, les
pertes financières ayant été mises de coté comme elles le sont souvent dans une faillite. En 2008, tout continuait et la presse a prétendu que la
SNCF gagnait de l’argent ! Les connaisseurs estiment que les
recettes de la SNCF ne couvrent que la moitié de ses dépenses, le
solde venant par divers canaux de subventions, qui se répercutent
sur tous les comptes publics.
LES TGV
Venons en aux TGV. Il n'est certes pas
question de dénigrer le plaisir que l'on goûte à emprunter ces
magnifiques jouets et à contempler la beauté des paysages défilant
à toute allure, à condition évidemment que le bijou ne vous
abandonne pas en rase campagne sans vous informer de quoi que ce
soit, ce qui arrive encore trop souvent !
La Cour des Comptes, encore elle, nous
a décrit la vérité comptable. Dans un des chapitres de ses
rapports, la facture des TGV est visée très expressément comme
étant à l'origine de la déroute financière : « Le lourd
endettement de la SNCF induit principalement par les investissements
considérables effectués pour construire et équiper les lignes
nouvelles à grande vitesse. » Tout est dit dans cette simple
phrase.
Ces investissements ont-ils été rentables ? Le rapport en fait ne s’en occupe pas alors que c’est la vraie question ; s’ils avaient été rentables
l’énormité de l’investissement aurait du conduire à des
bénéfices considérables et à un redressement spectaculaire de
l’exploitation ferroviaire en France. Les chiffres que le rapport
donne montrent bien que l’endettement de l’ensemble SNCF plus
Réseau Ferré de France (RFF) est sans limite et continue à être un vrai
boulet financier pour l'entreprise ferroviaire et pour la
nation entière par ricochet. Il en résulte donc bien que
l’opération TGV dont les comptes ne seront jamais officiellement
et réellement faits est un désastre.
Mais, pire encore, dans cette fuite en
avant si l'on ose dire, les nouveaux projets de TGV vont plomber
l'endettement encore plus. La seule explication de cette fuite en
avant est le caprice et les intérêts des Hommes de l'État, dont
principalement les bien trop nombreux élus locaux qui tirent gloire
et richesse des chimères qu’ils réalisent avec l’argent des
autres. Partout, l’idéologie égalitaire aidant, les populations
réclament « leur » TGV : Turin-Lyon, tunnel à
travers les Pyrénées, TGV de l’Est et Marseille-Nice sont à
l'ordre du jour, ceci sur fond d'endettement public en folie.
En plus, la même SNCF maîtrise
l'information par la manne publicitaire qu'elle déverse sur les
médias. Ceux-ci prétendent que les TGV sont la vache à lait de
l'entreprise. Ayant mis le passif de coté, elle garde le lait !
LA RUINE AILLEURS
Le même rapport signale d'autres
aspects de la ruine « La SNCF souffre de faiblesses
structurelles qui, aujourd’hui encore, affectent sa
rentabilité. »
On s’en doute à lire ailleurs les incroyables privilèges du
personnel avec les multiples primes, les retraites fastueuses et les
horaires élastiques avec grèves en permanence. Parmi ce personnel,
les employés du TGV sont particulièrement gâtés. !
Nous nous trouvons donc au final devant
une chaine d'évènements dramatiques avec des tués dans les
passages à niveau, la terreur dans des trains fantômes, mais aussi
en arrière fond la ruine d'un dinosaure public, comme il en existe
tant dans le paysage économique français.
La conséquence est la paupérisation
du pays que le pouvoir masque adroitement par de fausses
statistiques. La réalité pourtant est là : chômage persistant,
prospérité insolente des restos du cœur, quasi blocage des
salaires même de beaucoup de cadres méritants ! Tout se tient ainsi
dans ce désastre national, pendant que la classe politique solidaire
toutes tendances confondues se contente de promettre de raser gratis
en 2012.
L'ISSUE EXISTE
Rappelons, pour terminer et grâce à
l'Ifrap, le chiffre du nombre de voyageurs transportés par agent dans
diverses compagnies de chemin de fer : SNCF 4 847, Danemark 9231 et
Japon 50 872 !
Le mammouth SNCF est un des plus
redoutables mammouths dont les Français sont obligés par la force
publique de nourrir la voracité incroyable. Si un pouvoir
« Libérateur » arrivait il y aurait néanmoins des
issues dont au moins deux.
Il faudrait supprimer une partie
généralement peu évoquée du monopole de la SNCF. C'est elle en
effet qui détient légalement le droit d'autoriser ou non le
transport régulier de voyageurs par la route. L'effet de
paupérisation est immense car de ce fait une quantité de personnes
sont privées de transport à faible coût comme il en existe dans
d'autres pays ; simultanément l'entreprise ferroviaire est
encouragée à l'immobilisme ayant le droit légal de tuer la
concurrence.
Il faudrait nécessairement briser les
syndicats comme Margaret Thatcher l'a fait avec des syndicats bien
plus puissants que ceux que nous subissons abusivement ici. Rappelons
en passant qu'un quarteron de chefs syndicalistes avec grèves à
répétition des trains de banlieue mettent 10 millions de Français
dans l'incertitude absolue pour savoir s'ils trouveront un train ou
pas et à quelle heure : on imagine le désastre psychologique pour
des personnes qui ont des activités à assurer.
Un champ d'action immense est ouvert et
c'est pourquoi l'on peut parler de la nécessité d'une vraie
« Libération ».
Michel de Poncins
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