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    AFFAIRE MAGNITSKI Film interdit de diffusion par le Parlement Européen (De quel droit ?)

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    AFFAIRE MAGNITSKI Film interdit de diffusion par le Parlement Européen (De quel droit ?) Empty AFFAIRE MAGNITSKI Film interdit de diffusion par le Parlement Européen (De quel droit ?)

    Message par FLANDRE Ven 08 Juil 2016, 15:20

    Affaire Magnitski : les dessous d’un coup monté



    Une autre incohérence que Nekrassov a relevée en étudiant le dossier Magnitski concerne les circonstances de la mort de l’avocat.

    Auteur de plusieurs documentaires politiques, le réalisateur russe Andreï Nekrassov a été plus d’une fois primé lors de festivals aussi prestigieux que celui de Cannes, en France. Mais étonnamment, on n’a pas réservé le même accueil à son dernier film, qui revient sur l’affaire Magnitski. Interdit de diffusion par le Parlement européen, le 28 avril dernier, puis par la chaîne de télévision franco-allemande Arte, le 3 mai suivant, le documentaire, fruit d’un travail de trois ans, dénonce une manipulation machiavélique à l’origine de cette affaire, qui altère aujourd’hui encore les relations russo-occidentales. Le Courrier de Russie fait le point sur « l’autre version » de l’affaire Magnitski.

    Le nom de Sergueï Magnitski, ce juriste mort en détention à Moscou, est aujourd’hui perçu comme un symbole de l’arbitraire, de la corruption et de la cruauté du régime politique russe actuel.

    Bill Browder, directeur du fonds d’investissement américain Hermitage Capital Management, qui employait Magnitski, s’est attaché à faire connaître l’histoire de l’avocat fiscaliste russe dans le monde entier.

    Selon Browder, des fonctionnaires du ministère russe de l’intérieur ont monté un schéma d’évasion fiscale afin de subtiliser à son fonds d’investissement la somme de 230 millions de dollars. Pour enquêter sur l’affaire, en 2008, Browder a engagé le juriste Sergueï Magnitski, qui est parvenu à identifier les responsables du détournement et porté plainte contre eux. À leur tour, en 2009, les fonctionnaires mis en cause ont accusé Magnitski de fraude fiscale pour le compte de Browder et l’ont placé en détention. Là, on aurait torturé le juriste afin de l’obliger à retirer sa plainte. Magnitski, refusant de céder, aurait été battu à mort.

    Trois ans après l’affaire, en 2012, les États-Unis ont adopté la « loi Magnitski », qui introduit des sanctions économiques et des interdictions de séjour pour les fonctionnaires russes soupçonnés d’être impliqués dans la mort de l’avocat.

    Personne n’a jamais été condamné dans toute cette histoire, ni du côté des fonctionnaires russes, ni de l’autre, l’affaire ayant été classée en raison de la mort de Magnitski.

    En 2013, le réalisateur Andreï Nekrassov a décidé de se pencher sur la question. Depuis le début des années 2000, il produit principalement des films à caractère politique. Nekrassov a notamment enquêté sur les crimes perpétrés par la Russie lors de la seconde guerre de Tchétchénie, et réalisé un documentaire sur l’ancien agent du FSB Alexandre Litvinenko, qu’il a suivi jusqu’à sa mort, en 2006, des suites d’un empoisonnement au polonium 210.

    Au départ, Nekrassov n’avait nullement l’intention d’enquêter sur une affaire dans laquelle « tout semblait clair », souligne-t-il dans un entretien au Courrier de Russie. Il voulait simplement tourner un documentaire-fiction inspiré du récit du milliardaire Bill Browder.

    « Je souhaitais raconter l’histoire de Sergueï Magnitski – de cet homme qui n’était ni un dissident, ni un agent des services de sécurité, ni même un idéaliste. C’était un simple juriste travaillant pour un fonds d’investissement occidental, qui s’est retrouvé face à la nécessité de choisir entre le Bien et la neutralité. Il a choisi le Bien, et est mort en héros », explique Andreï Nekrassov. C’est du moins ce qu’il croyait.

    Bill Browder et Andreï Nekrassov lors d’une interview. Crédits : Archives personnelles.
    Bill Browder et Andreï Nekrassov lors d’une interview. Crédits : Archives personnelles.

    Enquête VS témoignage

    Andreï Nekrassov a commencé par rencontrer Bill Browder, qui lui a fourni les documents sur l’affaire en sa possession.

    Mais en étudiant les dépositions des témoins et les diverses expertises, le réalisateur a progressivement relevé des incohérences et des lacunes dans la version de Bill Browder.

    Après six mois passés à analyser le dossier, Andreï Nekrassov assure qu’il n’existe aucune preuve que Sergueï Magnitski ait effectivement mené une enquête sur un schéma de détournement fiscal. Rien ne prouve non plus qu’il ait identifié des fonctionnaires russes à l’origine de ce délit. « On n’en trouve en tout cas aucune trace », souligne le réalisateur.

    Les pièces remises par Bill Browder à Andreï Nekrassov, censées prouver que Magnitski a mené une enquête, ne sont en fait que les retranscriptions des interrogatoires du juriste. En 2008, en effet, Magnistki avait été arrêté par la police russe, dans le cadre d’une affaire impliquant Bill Browder. L’homme d’affaires américain était soupçonné d’avoir organisé une fraude fiscale à hauteur… de 230 millions de dollars. Et le juriste russe, d’en être le complice.

    À propos de ces retranscriptions, Nekrassov souligne: « Au cours de ses entretiens avec les juges d’instruction, Magnitski n’avance aucune preuve de l’implication de quelconques fonctionnaires russes dans la fraude. Il demeure assez vague dans ses propos et n’accuse personne, à aucun moment. »

    En quête d’éclaircissements, le réalisateur parvient alors à décrocher une interview avec Pavel Karpov, ex-enquêteur du Comité d’enquête de la Fédération, qui, à en croire Browder, aurait été impliqué dans l’organisation de ce schéma d’évasion fiscale.

    Face à la caméra, Karpov affirme que Magnitski n’a jamais enquêté sur une quelconque fraude commise par des fonctionnaires russes, ni porté plainte contre aucun d’entre eux. Selon Karpov, c’est Browder qui aurait concocté un « complot très élaboré » pour détourner l’attention des autorités russes de ses propres machinations.

    Karpov déclare avoir commencé dès 2004 à enquêter sur des fraudes fiscales organisées via les entreprises de Browder et que c’est dans ce cadre, en tant que témoin de ces détournements de fonds, que, la même, année, Sergueï Magnitski a été interrogé à plusieurs reprises. Avant d’être arrêté en 2008 pour l’affaire précise des 230 millions de dollars.

    Le réalisateur ajoute, par ailleurs, que la traduction anglaise des dépositions de Magnitski – fournie par Bill Browder, notamment, au Comité d’enquête américain et au Conseil de l’Europe – comporte des accusations claires, nominales, à l’encontre de plusieurs fonctionnaires russes de l’Intérieur. « Pourtant, dans la version russe originale, le juriste ne cite à aucun moment de noms. Ni ne mentionne une quelconque implication d’agents de l’État russe dans le détournement de fonds… », insiste Andreï Nekrassov.

    Étant donné que, selon Browder, ce sont les accusations personnelles proférées par Magnitski contre des fonctionnaires qui avaient provoqué sa propre arrestation, la version de l’homme d’affaires américain commence à vaciller.

    Face à l’émergence de ces doutes, Andreï Nekrassov cherche à rencontrer de nouveau Bill Browder. Mais ce dernier refuse désormais de lui parler, le renvoyant vers ses avocats. Quelques jours plus tard, le réalisateur reçoit une lettre de la mère de Sergueï Magnitski, Natalia Nikolaevna, qui n’autorise plus l’utilisation de son interview, faite avant la dernière rencontre du réalisateur avec Browder.

    Défenseur des droits de l’homme VS homme d’affaires

    « Pourquoi le directeur de Hermitage Capital Management refuse-t-il de répondre à mes questions ? », s’interroge Nekrassov. Intrigué par le personnage de Browder, le réalisateur cherche à en savoir plus sur le rôle de cet homme d’affaires milliardaire, soudain devenu défenseur international des droits de l’homme et principal accusateur dans l’affaire de la mort de son employé à Moscou.

    Nekrassov, en se penchant sur le parcours de Bill Browder, découvre qu’au début des années 2000, ce dernier soutenait la politique de Vladimir Poutine. « À l’époque, Browder appelait Poutine son plus grand allié », rappelle le réalisateur. En 2003, le milliardaire américain salue notamment l’arrestation de Mikhaïl Khodorkhovski, ancien patron de Ioukos, et sa condamnation pour fraude fiscale. « Khodorkhovski a eu ce qu’il méritait, à juste titre », déclarait notamment Bill Browder en juin 2005.

    « Et brusquement, Browder tourne le dos au président russe pour s’ériger en défenseur des droits de l’homme. Pourquoi ?! », interroge Andreï Nekrassov.

    Pour le réalisateur, la réponse est claire: « Browder et Magnitski ont accusé des fonctionnaires russes d’être à l’origine de la fraude fiscale qu’eux-mêmes avaient organisée quand ils ont senti le vent tourner – au moment où ils ont eu peur d’être rattrapés. Si Magnitski ne dénonce aucun schéma de corruption établi par les fonctionnaires russes lors de ses interrogatoires, c’est tout simplement parce que ces pratiques n’existent pas ! », poursuit Andreï Nekrassov.

    Pour le réalisateur, Browder a présenté Magnitski comme une victime de l’arbitraire politique du Kremlin afin de détourner l’attention du public de sa propre faute: précisément alors que la police russe était en train d’enquêter sur un détournement de 230 millions de dollars commis par l’intermédiaire de ses structures financières.

    « Là-dessus, l’Europe et les États-Unis, en chœur, accusent gaiement les fonctionnaires russes d’être les bénéficiaires de ces 230 millions de dollars… dont personne n’a jamais retrouvé la moindre trace ! », insiste le réalisateur.

    Si la Russie n’a jamais accusé officiellement Bill Browder d’être à l’origine de cette fraude de 230 millions, reprend Nekrassov, c’est parce qu’elle ne possédait aucune preuve. Finalement, en 2013, poursuit-il, la Russie est parvenue à condamner l’homme d’affaires américain à neuf ans de prison – pour une autre affaire de malversations financières, remontant à 2001. Moscou a alors demandé l’extradition de Browder, mais Interpol a toujours refusé, estimant que ces poursuites étaient « de nature politique ».

    Battu à mort VS négligence

    Une autre incohérence que Nekrassov a relevée en étudiant le dossier Magnitski concerne les circonstances de la mort de l’avocat. On sait que le juriste russe est mort en 2009, en détention provisoire. Dans son discours au Congrès américain, en 2012, Bill Browder avait notamment affirmé que Magnitski, pour avoir refusé de retirer son témoignage contre des fonctionnaires russes, avait été battu à mort, par huit hommes, pendant une heure et dix-huit minutes.

    Nekrassov dénonce, ici, « une invention » pure et simple. Le réalisateur explique qu’aucune des diverses expertises médicales présentes au dossier ne révèle de traces de coups et blessures. « Les photographies du cadavre de Magnitski montrent bien des contusions, notamment au niveau des poignets – probablement causées par les menottes. Mais rien d’autre !, poursuit le réalisateur. S’il avait été battu par huit hommes, ne serait-ce que pendant dix minutes, son corps aurait forcément gardé les traces des coups, visibles – et qui n’auraient laissé aucun doute sur la cause de sa mort. »

    Les rapports médicaux précisent que Magnitski souffrait de diabète et d’une inflammation du pancréas. « Il a pu mourir parce qu’il n’a pas reçu les soins appropriés. Malheureusement, les cas de négligence de la part du personnel des prisons sont fréquents en Russie », souligne Andreï Nekrassov, qui ajoute avoir personnellement visité des prisons russes à plusieurs reprises – et savoir combien les conditions de vie y sont indignes, et le traitement infligé aux détenus, inhumain.

    Même la mère de Magnitski, lors de l’interview qu’elle avait d’abord accepté de donner au réalisateur, estimait que son fils n’avait pas été tué intentionnellement mais que sa mort était probablement, plutôt, le résultat d’une négligence médicale.

    Par ailleurs, Andreï Nekrassov estime que Bill Browder, s’il l’avait voulu, aurait pu faire sortir le juriste de prison. Selon les avocats consultés par le réalisateur, dans les cas de fraude fiscale, le détenu peut être libéré si sa dette aux impôts et ses amendes sont réglées. « L’argent n’est pas un problème pour Browder. Mais visiblement, il a préféré laisser son employé en prison afin de couvrir ses propres crimes », suppose Nekrassov.

    Le résultat de ces trois années de recherches se retrouve dans le travail d’Andreï Nekrassov, qui dure deux heures et demie environ. Composé de deux parties, le film commence par une fiction, où des acteurs rejouent la version de Browder, que le réalisateur récite en voix off. Dans la seconde partie, Nekrassov fait part de tous ses doutes, fondés sur les documents fournis par l’homme d’affaires lui-même et tous les témoignages des individus liés à l’affaire: Browder, mais aussi Natalia Nikolaevna, la mère de Magnitski, ou l’ex-enquêteur Pavel Karpov.

    Image issue du film : Sergueï Magnitski en détention. Crédits : Archives personnelles.
    Image issue du film : Sergueï Magnitski en détention. Crédits : Archives personnelles.

    Une campagne bien huilée

    Un film que le public ne peut toujours pas voir. Bill Browder, via les juristes de Hermitage Capital Management, a menacé Andreï Nekrassov et son équipe d’un procès et d’une amende de plusieurs millions de dollars s’ils diffusaient le fruit de leur travail devant le Parlement européen et sur la chaîne Arte – qui a, par ailleurs, cofinancé la production.

    « Je m’attendais évidemment à ce que certains n’apprécient pas mon travail – j’ai l’habitude. Mais jamais je n’aurais pensé que les institutions européennes, et encore moins une chaîne publique prestigieuse, refuseraient de le diffuser !, confie Andreï Nekrassov, qui voit derrière cette censure l’influence directe de Bill Browder. Vous savez, reprend-il, un homme qui est parvenu à convaincre le Congrès américain de voter une loi [la loi Magnitski, ndlr] n’a probablement eu aucun mal à faire pression sur les députés européens ni sur une poignée de chaînes de télé… », est convaincu le réalisateur.

    Toutefois, pour Nekrassov, le seul point réellement inadmissible est qu’on l’accuse d’avoir menti – et touché de l’argent de la part du gouvernement russe. Parmi ses détracteurs, certains insinuent qu’il a même été directement rémunéré par Sergueï Roldouguine [violoniste russe professionnel et ami de Vladimir Poutine, récemment épinglé dans l’affaire des Panama Papers, ndlr].

    Exilé en Europe depuis près de dix ans, le réalisateur affirme n’avoir jamais bénéficié d’aucun financement en provenance de Russie. Pour son dernier film comme pour les précédents, il a décroché des bourses auprès de grandes chaînes de télévision publiques européennes, telles Arte, les chaînes norvégiennes NRK et NFI, la chaîne finlandaise YLE, ainsi qu’auprès de fonds européens de soutien au cinéma.

    D’autres critiques du réalisateur s’en sont pris à l’organisatrice de la projection au Parlement européen, la députée finlandaise Heidi Hautala, prétendant qu’elle n’avait accepté de le faire que parce qu’elle « couchait avec Nekrassov ». « Non seulement c’est absolument faux, mais surtout, c’est le genre d’arguments qui démontrent toute la faiblesse du propos de ces gens », répond l’intéressé, indigné.

    Le réalisateur russe Andreï Nekrassov. Crédits : Archives personnelles.
    Le réalisateur russe Andreï Nekrassov. Crédits : Archives personnelles.

    Victime de ses clichés

    Sur le fond, Andreï Nekrassov ne comprend pas les critiques dont il est l’objet. « Durant toutes ces années où j’ai dénoncé les agissements de mon pays, du gouvernement russe, ceux qui s’attaquaient à moi étaient précisément l’autre camp: les partisans et soutiens de Poutine. Dont Browder, d’ailleurs, note le réalisateur. Mais toute cette affaire Magnitski va en réalité bien au-delà du simple débat pro- ou anti-Poutine ! », alerte-t-il.

    Pour le réalisateur, si son film parle évidemment de politique, il touche aussi à la façon dont les médias contemporains véhiculent des idées toutes faites et les impriment dans les mentalités. « Cette affaire est fondamentale et elle nous concerne tous – en ce qu’elle révèle à quel point le monde occidental enferme constamment la Russie dans ses clichés », s’indigne-t-il.

    « Ainsi, poursuit le réalisateur, un Bill Browder peut tranquillement accuser des policiers russes de s’être enrichis sur le dos du contribuable, d’avoir notamment acheté, avec cet argent détourné, des appartements à l’étranger – sans que personne ne mette ces affirmations en doute ! J’ai enquêté, moi, enchaîne Nekrassov: ces appartements ont été achetés en 2004, à l’aide de prêts contractés bien avant le début de toute l’affaire. Mais pourquoi personne n’a vérifié ?, interroge-t-il. Simplement parce que les policiers russes sont des pourris – par définition. C’est souvent le cas, je l’admets. Mais ces hommes précis n’avaient-ils pas le droit au bénéfice du doute ? Visiblement non », dénonce Nekrassov, déçu.

    Le réalisateur, qui pensait que le dialogue était toujours possible – surtout en Occident – s’est retrouvé face à un mur d’incompréhension. « Même en Europe, ce royaume de la démocratie et chevalier du pluralisme des idées, il semble qu’il existe une limite au-delà de laquelle on n’écoute plus les arguments, où seules fonctionnent les idées reçues », insiste-t-il.

    Nekrassov demeure cependant optimiste, persuadé que le film trouvera son public. « Un film controversé, et de surcroît interdit: ça suscite naturellement de l’intérêt ! », estime-t-il. Le réalisateur avait aussi été invité à témoigner devant le Congrès américain, le 14 juin dernier, mais la projection a été « reportée ». « Loin de prétendre détenir la vérité suprême, je voudrais juste que les membres du Congrès prennent conscience du fait que leur loi Magnitski, votée en 2012, est, à tout le moins, basée sur des mensonges », conclut le réalisateur.

    Manon Masset

    source: http://www.lecourrierderussie.com/international/2016/07/russe-andrei-nekrassov-magnitski/






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