UNE HISTOIRE SIMPLE
S'il fallait une image des fractures sociales et sanitaires en France, je prendrais celle de Roland-Garros. Attention : je ne suis pas contre le sport, le tennis, les 700 sportifs ni les 500000 personnes qui vont à ce rituel clanique pour regarder des jeunes gens taper des baballes en short avec des cris primitifs, dans un silence de cimetière. Ce que j'y vois, c'est l'acmé des classes sociales, avec les riches parqués entourés de vigiles, des sponsors de produits de luxe, le tout en face du bois de Boulogne, haut lieu de prostitution et de délinquance parisiennes. Et à quelques mètres des pauvres dans des cartons ou dans des bagnoles !
Mais les fractures ne s'arrêtent pas là: un système médical privé se met en branle pendant le tournoi : neuf chirurgiens traumatologues, huit urgentistes, neuf échographistes, deux radiologues IRM ainsi que trente et un kinésithérapeutes et vingt infirmières. Pour les sportifs et un public en bonne santé ! Et à 500 mètres de là ; l'hôpital public Ambroise-Paré, avec son plan d'économie et ses cent quarante malades aux urgences par jour avec seulement deux urgentistes et deux internes, un radiologue (pour tous les examens) et sept infirmières et aides-soignants. Ils reçoivent toutes les urgences, de la plus grande pauvreté aux plus riches, du vieux dément au jeune défoncé, du moins grave au plus grave... et les malades venus de Roland-Garros.
Aux urgences de l'hôpital public les patients attendent des dizaines d'heures pour avoir une consultation, un lit d'hospitalisation... Beaucoup de médias et de médecins voient en ces usagers du service public des peu ou pas malades, des profiteurs, des pauvres... Peut-être que si tous les malades aux urgences avaient une raquette et un short, les choses changeraient, il n'y aurait plus d'attente et il y aurait plus de moyens, me direz-vous? Ben non ! Car ce modèle sociologique, surmédiatisé, est réservé plutôt à des gens riches. Alors il est facile de surmédicaliser un événement pour une population sportive riche qui n'est pas malade et critiquer le service public et montrer du doigt les malades qui y viennent. Enfin, selon une enquête récente, il faut en moyenne six mois pour avoir un rendez-vous pour une IRM. Mais, pour ce tournoi, les IRM sont très rapides ! Alors, si vous avez une IRM en attente, enfilez vite un short, prenez un billet pour Roland-Garros et vous avez des chances d'avoir l'examen dans l’heure !
Patrick Pelloux, urgentiste
S'il fallait une image des fractures sociales et sanitaires en France, je prendrais celle de Roland-Garros. Attention : je ne suis pas contre le sport, le tennis, les 700 sportifs ni les 500000 personnes qui vont à ce rituel clanique pour regarder des jeunes gens taper des baballes en short avec des cris primitifs, dans un silence de cimetière. Ce que j'y vois, c'est l'acmé des classes sociales, avec les riches parqués entourés de vigiles, des sponsors de produits de luxe, le tout en face du bois de Boulogne, haut lieu de prostitution et de délinquance parisiennes. Et à quelques mètres des pauvres dans des cartons ou dans des bagnoles !
Mais les fractures ne s'arrêtent pas là: un système médical privé se met en branle pendant le tournoi : neuf chirurgiens traumatologues, huit urgentistes, neuf échographistes, deux radiologues IRM ainsi que trente et un kinésithérapeutes et vingt infirmières. Pour les sportifs et un public en bonne santé ! Et à 500 mètres de là ; l'hôpital public Ambroise-Paré, avec son plan d'économie et ses cent quarante malades aux urgences par jour avec seulement deux urgentistes et deux internes, un radiologue (pour tous les examens) et sept infirmières et aides-soignants. Ils reçoivent toutes les urgences, de la plus grande pauvreté aux plus riches, du vieux dément au jeune défoncé, du moins grave au plus grave... et les malades venus de Roland-Garros.
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