Effectivement, pour mes parents qui avaient vécu la guerre de 14-18 (avec le Nord, la Champagne et la Lorraine occupés, l'Alsace et la Moselle étant allemandes), et mes grands-parents qui avaient vécu celle 1870 (avec à peu près les même régions occupées + Paris, mais moins longtemps), les "boches" étaient l'ennemi héréditaire.
On n'imagine pas à quel point la propagande française était ardente et venimeuse entre 1870 et 1918 (soit pendant 48 ans !). Pas une seule association sportive, musicale, militaire, qui ne s'appelât La Revanche, La Patrie, Alsace-Lorraine, Le Drapeau, la Frontière, Gloire au Combat, Les Trois Couleurs, la Marseillaise, A l'assaut, etc...La haine de l'Allemand, du boche était entretenue de façon permanente, dans les écoles, la presse de droite comme de gauche, dans les églises, partout. Ce qui fait qu'en 1914, l'unanimité était quasi totale pour en découdre, mis à part quelques socialistes comme Jean Jaurès qui s'est d'ailleurs fait assassiner l'avant-veille de la déclaration de guerre. Un courage fantastique, une réelle volonté de se battre presque irraisonnée où le sacrifice suprême était encouragé par tous à travers des larmes, certes, mères, soeurs et épouses ne faillissant point.
La "saignée" fut considérable, les souffrances, les millions de blessés (les "gueules cassées") firent croire que c'était "la der des der".
En 1939, seulement vingt ans après, l'esprit était tout autre, totalement inversé. Communisme et national-socialisme avaient coupé l'Europe en deux : Italie, Espagne, Allemagne d'un côté, URSS et satellites de l'autre, et entre les deux, le duo (je n'ai pas dit le couple) France-Angleterre brinqueballant, impréparé, s'ingéniant à des promesses intenables comme celle de soutenir la Pologne en cas d'agression allemande, ou celle de ne jamais signer d'accords séparés en cas de nécessité.
La formule "ne pas mourir pour Dantzig" était le symbole d'un refus de la guerre, encouragé par les communistes qui firent tout pour neutraliser l'effort de guerre français et qui sabotèrent avions, chars, canons et munitions dans nos usines. Ce qui accrût encore la débandade de nos troupes quand, au moment du combat, les canons explosaient et les avions s'écrasaient au sol sans raison, donnant l'impression d'une trahison organisée. Le Front Populaire était passé par-là.
Nos deux millions de prisonniers de 1940 - chiffre jamais atteint dans l'histoire des guerres mondiales - sont, en partie, le résultat de cette politique.
En ce qui concerne les camps, nous ne connaissions (pendant la guerre) que :
- les camps de prisonniers, plutôt bien organisés
- les camps disciplinaires (pour les évadés repris, les fortes têtes, les "résistants" civils)
- les camps de concentration non réservés aux seuls juifs, mais aussi aux gitans, homos, "résistants" pris les armes à la main, aux Soviétiques qui avaient un traitement à part et à toutes les populations de l'Europe centrale (Polonais, Hongrois, Roumains, Bulgares etc...).
Camp de concentration, pour nous les civils de tous les pays occupés, c'était des camps à la discipline sévère, avec travaux forcés, nourriture épouvantable, punitions humiliantes, soins rares ou inexistants, bref, camps où régnaient la peur et la misère et taux de mortalité plus élevé qu'ailleurs.
Mais en aucun cas, nous ne pouvions imaginer des camps d'extermination. J'affirme - et beaucoup d'historiens avec moi et notamment Henri Amouroux - que nous n'en avons jamais entendu parler jusqu'en avril 1945, date où les premiers furent découverts par les Américains. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce fut le secret le mieux gardé de toute la guerre et les plus étonnés furent souvent les Allemands eux-mêmes qui ne se doutèrent de rien, même ceux qui habitaient à proximité de ces lieux de terreur.
Aujourd'hui, on peut affirmer avec certitude qu'aucun des chefs d'Etat de l'époque (Roosevelt, Churchill, Pétain, De Gaulle, Staline et Pie XII pour les principaux) ne fut informé de l'atroce réalité et de l'ampleur des massacres massifs. La preuve en est qu'il est impossible aux historiens de citer le moindre discours ou une simple communication de ces chefs d'Etat dénonçant les atrocités commises jusqu'en avril 1945. Chambres à gaz et fours crématoires, exécutions de masses n'ont jamais fait partie du vocabulaire de l'époque.
On peut légitimement penser que s'ILS avaient su, ils ne se seraient pas privés d'en faire état ! Je me souviens encore des manchettes des journaux et des réflexions des gens découvrant l'horreur : CE N'EST PAS POSSIBLE ! Beaucoup de braves gens, surtout dans les campagnes, refusèrent de croire à l'incroyable. Je peux l'affirmer : dire que PERSONNE N'A SU n'est pas une excuse minable, c'est VRAI.
Il reste que l'on peut aussi se demander quelles solutions on aurait pu imaginer au cas où des informations auraient filtré : il est évidemment impensable de parler de bombardement. Envoyer des commandos spécialisés ? en plein coeur de pays ennemi c'est aller à l'échec certain.
On ne pouvait donc qu'imaginer une discussion aux plus hauts niveaux où l'on aurait menacé Hitler de destruction massive de villes allemandes, comme celle de Dresde qui eut lieu, seulement, en février 1945 (pour "aider" les discussions de Yalta !) et qui a été un véritable "crime de guerre", au sens "nürembergien" du terme. Encore n'est-on pas sûr du résultat qu'une telle entreprise eût pu donner quand on sait l'entêtement du Führer jusqu'au-boutiste.
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