Oratores,les bellatores, laboratores.

Vous proposez une vision un tantinet idyllique de l'Ancien Régime, longin.

Quoique j'aie un respect peu répandu pour une certaine Noblesse française, pour qui l'appartenance à l'Aristocratie (gouvernement par les meilleurs, pour mémoire), impliquait des avantages sociaux mais aussi des obligations morales, je ne souhaite pas le retour de la monarchie et des privilèges héréditaires.
Car la Noblesse sociale s'hérite, mais pas la Noblesse des sentiments. Et Louis XIV lui-même n'en était pas dupe, qui a passé toute sa vie à "acheter" les Nobles, qu'il avait vus conspirer contre lui, sous la conduite de ses proches..., et qui disait en donnant une charge "je fais un ingrat et cent mécontents"...

Ses successeurs, trouvant une Noblesse domptée, soucieuse de jouir de ses privilèges, ont perdu de vue la nécessité de la rappeler à ses obligations et aux réalités, comme la noblese britannique, qui n'estimait pas déroger en se livrant à des activités commerciales ou industrielles...

Un récit de Balzac est très instructif : une jeune fille de la haute noblesse, très imbue de l'ancienneté de sa lignée, voulait se marier, mais si ses prétendants étaient riches, ils n'étaient pas ses égaux en quartiers de noblesse, et s'ils l'étaient, ils n'étaient pas riches.

Elle trouve enfin l'oiseau rare, riche, jeune, beau, et tous les quartiers voulus. Le mariage est annoncé, la jeune fille est merveilleusement heureuse. Elle fait des emplettes avec ses amies et entre dans une boutique, où elle rencontre son heureux élu. Horreur !!! il est le propriétaire de la boutique et compte de l'argent !!!
Les fiançailles sont rompues et un viel oncle veuf épouse la jeune fille pour qu'elle ne reste pas vieille fille, déshonneur suprême, car devant ses refus, les prétendants se sont écartés...
De même Madame de Pompadour, née Antoinette Poisson, a eu à subir bien des avanies, sans parler de la nièce de Richelieu, Claire Clémence de Maillé Brézé, épouse de Condé, qui a toujours maudit cette mésalliance.

N'est pas Périclès, - qui n'hésitait pas à prendre conseil chez une courtisane, Aspasie, au demeurant visitée par Socrate -, qui veut...

Le pauvre Louis XVI, élevé selon les principes rousseauistes, comme un jeune bourgeois, avait appris la serrurerie... Ce n'était pas le bon hobby pour un chef d'Etat.

Quant a Finkielkraut, il est juif, honnête et lucide, mais pas inculte...

Caton, cette histoire qui réduit Louis XVI à un serrurier est une grotesque propagande gauchiste. En parlant de serrure, cessez d'observer l'Histoire par son trou. Vous êtes une romantique.

Un système "idyllique" qui fit de la France le plus beau le plus riche le moins injuste de toutes les nations, je prends.
Je préfère les parts inégales d’un gros gâteau à celles égales d’une tartelette.

Je ne réduis pas Louis XVI à un serrurier, et je trouve ce hobby fort sympathique.
Je vux dire qu'on lui a donné l'éducation prônée par Rousseau dans l'Emile, et que ce n'est pas celle qu'il était souhaitable qu'on lui donnât.

Je citais l'exemple de Périclès, qui était un homme paraît-il un peu retors, qui savait retourner les foules par ses discours, et trouver des arguments pour imposer ses décisions. Les Athéniens refusant de financer un projet côuteux, il a déclaré qu'il le ferait lui-même et qu'il mettrait son nom sur le fronton, au lieu de celui du peuple athénien... Il a emporté le vote...

Louis XVI était un homme bon et sans "malice" au sens que le mot a conservé en anglais. Je crains que cela ne soit pas tout à fait compatible avec la politique. Il eût mieux valu qu'il soit comme Périclès, ou Louis XI.
Il aurait dû sacrifier quelques pions, ou un fou, un cavalier ou une tour pour ne pas être mis en échec et mat.

Et oui, je suis une romantique, et même une romanesque...

Pardonnez-moi, mais un vrai royaliste ne vote pas, car il refuse de s'inscrire sur les listes électorales de la gueuse !!!

longin a écrit:[color:40f2=#004000:40f2]J'ai longtemps pensé qu'il aurait suffit de pendre Lafayette, Mirabeau et un ou deux autres nobles jaloux du pouvoir royal pour ramener l'ordre. Napoléon affirmait que si Louis XVI eut passé la revue de la garde à cheval plutôt qu'à pied la révolution tombait comme un soufflet.
[/b]

Que vous disais-je ?
Louis XVI n'était pas assez martial.
C'était un brave homme de bon bourgeois.

longin a écrit:
[b][color=#004000]
Quand la révolution a éclaté, elle était déjà achevée.

Une des causes de cette abomination fut l'égalité et le centralisme. L'excès d'égalité et le centralisme royal. La révolution est l'œuvre de la noblesse qui ne supporta pas les taxes supplémentaires et qui déversa une rancœur accumulée par la centralisation entreprise par Louis XI, achevée par Louis XIV et exercée mollement par Louis XVI.

L'égalité selon les "philosophes des Lumières" était l'égalité des droits politiques et juridiques.
Même La Fontaine déplorait dans "les animaux malades de la peste"
"Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir..."

Que les aristocrates se permettent de traiter avec morgue un roturier car il n'est pas issu de la cuisse de Jupiter n'est pas acceptable.
Que le Duc de Rohan attire Voltaire à l'extérieur et le fasse bastonner par ses laquais est un acte qui a fait plus de tort que bien d'autres...

Cependant je veux bien concéder que la jet set aujourd'hui a un comportement qui n'a rien à envier à celui de certains nobles d'ancien régime.

longin a écrit:[b]
[b][color=#004000]Le roi n’était le représentant d’aucun des trois ordres, et surtout pas celui de la noblesse comme se plaisent à le dire les propagandistes de l’Histoire. On peut même affirmer qu’il était le défenseur du plus faible, souvent le peuple.

Je veux bien le croire, pour certains cas... mais Louis XIV lui-même a reconnu sur son lit de mort qu'il avait trop fait la guerre...
Il a ruiné le peuple par ses dépenses fastueuses, notamment pour Versailles, et l'a fait largement tuer.

Madame de Sévigné rapporte comment un cordonnier s'est suicidé parce qu'on lui prenait en impôts tout ce qu'il avait gagné...

longin a écrit:
[b][color=#004000]Un sondage récent de BVA exprime que 20% des français pourraient voter royaliste. En chaque français un catholique, et par conséquent un royaliste, sommeille.

Hum... je demande à voir...
Cela peut être exact, en tenant compte du fait que les catholiques pratiquants sont très peu nombreux... 20% des 10% des Français catholiques pratiquants, c'est possible...

Caton l'Ancien a écrit:...

Le pauvre Louis XVI, élevé selon les principes rousseauistes, comme un jeune bourgeois, avait appris la serrurerie... Ce n'était pas le bon hobby pour un chef d'Etat.

...

Erreur, élevé avec les "classiques" Bossuet, Fénelon, etc... il est "victime d'un système d'éducation plus faits d'interdits que de prescriptions, il en vient à penser qu'il suffit d'être chaste et généreux pour ceindre la couronne avec honneur."
Prince érudit, il se passionne pour la géographie, les mathématiques, l'astronomie et devient cartographe et inventeur. C'est un esprit scientifique. De son grand'père Louis XV, il tient le goût des délassements manuels et travaille le fer (forgeron, serrurier).
"Cavalier intrépide et bientôt tireur d'élite, versé dans les mathématiques et les sciences exactes, il est prédisposé grandement à s'élever en compétence au niveau d'un officier général de terre et de mer. Ses dons... le dispensent de s'initier aux applications spécifiques de l'art militaire." Ses éducateurs commettent là une erreur grave : "Ils ont oublié qu'un souverain doit comprendre le troupier, ont négligé de le mettre au contact d'un milieu dont il eût tiré...l'aisance, la prestance et l'art de parler aux hommes."

Louis XVI était le plus équitable, le plus savant, le plus réformiste, le plus incompris de nos rois.

Alors, votre simplification est dommage.

Louis XVI de Jean-François Chiappe, la biographie la plus considérable qui est été écrite sur le "Très-Chrétien" roi martyr.

Forcément, en un message de quelques lignes, on n'est pas en mesure de détailler... Ce n'est pas une thèse de doctorat...

Je n'ai nullement dit que Louis XVI était un esprit limité, incapable de faire autre chose que de la serrurerie.
Je voulais dire que ceux qui l'ont éduqué ne lui ont pas donné, comme Mazarin l'avait fait pour Louis XIV, les armes qui convenaient pour diriger un pays, c'est à dire le sens politique.

Je n'ai rien contre la serrurerie, et j'aime bien l'idée qu'un visteur a pris Montesquieu pour un jardinier, parce qu'il l'a vu passer portant une échelle...

Un prince ne doit pas être ignare, et qu'il soit érudit ne nuit pas. Mais il doit aussi savoir règner, c'est à dire trancher.

Mais en effet, la lecture de Fénelon et Bossuet ne développe pas les mêmes capacités que celle de Richelieu ou le contact avec Mazarin.

C'était déjà l'application des principes évangéliques, confrontés aux réalités politiques et sociales....