Ils veulent casser Polytechnique !
Haut lieu de formation des élites, l’X mérite un sérieux dépoussiérage. Mais par obsession égalitaire, un rapport veut jeter le bébé avec l’eau du bain.
...
Il est vrai qu’un ancien ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, défend depuis longtemps qu’il faut supprimer les grandes écoles, parce qu’elles favorisent la reproduction sociale et qu’elles font de l’ombre à l’université. Après la suppression des options latin et grec au collège, remplacées par des enseignements de saupoudrage, voici que surgit l’idée selon laquelle Polytechnique devrait se mettre à la portée de chacun. Étrange stratégie qui consiste à casser ce qui fonctionne !
La nomenklatura fait de la résistance
Et puis, le choix de Bernard Attali pour mener cette réflexion et rédiger un rapport décisif laisse perplexe. Si son célèbre frère jumeau est à la fois ancien élève de l’X et de l’Ena, lui n’a fréquenté « que » l’Ena, dont il est d’ailleurs sorti dans la botte, à la Cour des comptes. Il n’a donc de l’École polytechnique qu’une connaissance, disons, familiale. Qu’est-ce qui le qualifie donc pour cette mission ? Certainement pas la sempiternelle rivalité entre ces deux couvoirs de l’élite que sont l’X et l’Ena. Pas plus que sa trajectoire de grand commis de l’État. Le poste le plus prestigieux qu'il a occupé est celui de PDG d’Air France, de 1988 à 1993. Il en est parti contraint et forcé alors que la compagnie enregistrait des pertes abyssales faute d’une gestion serrée.
Pourquoi, au vu de ces faits d’armes, s’être tourné vers Bernard Attali ? Mystère, si ce n’est qu’on ne trouve pas facilement un grand commis de l’État qui accepte, sans que sa main tremble, de préconiser la dilution pure et simple de la plus prestigieuse et la plus ancienne grande école française.
Il convient, toutefois, de rester calme. La nomenklatura française dispose d’armes considérables pour défendre ses intérêts. Ainsi, la suppression du classement de sortie à l’Ena mobilise depuis des années, à intervalles réguliers, les cerveaux les plus affûtés de la République. En vain jusqu’à présent. « Polytechnique pour tous », donc, n’est pas encore pour demain.
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/ils-veulent-casser-polytechnique-08-06-2015-1934404_2134.php#r_
Les envieux et les sots au pouvoir. Quand on ne sait pas créer, il faut détruire.
Haut lieu de formation des élites, l’X mérite un sérieux dépoussiérage. Mais par obsession égalitaire, un rapport veut jeter le bébé avec l’eau du bain.
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Il est vrai qu’un ancien ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, défend depuis longtemps qu’il faut supprimer les grandes écoles, parce qu’elles favorisent la reproduction sociale et qu’elles font de l’ombre à l’université. Après la suppression des options latin et grec au collège, remplacées par des enseignements de saupoudrage, voici que surgit l’idée selon laquelle Polytechnique devrait se mettre à la portée de chacun. Étrange stratégie qui consiste à casser ce qui fonctionne !
La nomenklatura fait de la résistance
Et puis, le choix de Bernard Attali pour mener cette réflexion et rédiger un rapport décisif laisse perplexe. Si son célèbre frère jumeau est à la fois ancien élève de l’X et de l’Ena, lui n’a fréquenté « que » l’Ena, dont il est d’ailleurs sorti dans la botte, à la Cour des comptes. Il n’a donc de l’École polytechnique qu’une connaissance, disons, familiale. Qu’est-ce qui le qualifie donc pour cette mission ? Certainement pas la sempiternelle rivalité entre ces deux couvoirs de l’élite que sont l’X et l’Ena. Pas plus que sa trajectoire de grand commis de l’État. Le poste le plus prestigieux qu'il a occupé est celui de PDG d’Air France, de 1988 à 1993. Il en est parti contraint et forcé alors que la compagnie enregistrait des pertes abyssales faute d’une gestion serrée.
Pourquoi, au vu de ces faits d’armes, s’être tourné vers Bernard Attali ? Mystère, si ce n’est qu’on ne trouve pas facilement un grand commis de l’État qui accepte, sans que sa main tremble, de préconiser la dilution pure et simple de la plus prestigieuse et la plus ancienne grande école française.
Il convient, toutefois, de rester calme. La nomenklatura française dispose d’armes considérables pour défendre ses intérêts. Ainsi, la suppression du classement de sortie à l’Ena mobilise depuis des années, à intervalles réguliers, les cerveaux les plus affûtés de la République. En vain jusqu’à présent. « Polytechnique pour tous », donc, n’est pas encore pour demain.
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