****2013****
Gustave Le Bon, médecin et sociologue au tournant des XIXe et XXe siècles, a rédigé des analyses singulièrement prémonitoires.
Le texte ci-dessous, extrait de
« La psychologie des foules » apporte la preuve de cette exceptionnelle lucidité :
« … Après avoir exercé son action créatrice, le temps commence cette œuvre de destruction à laquelle n’échappent ni les dieux, ni les hommes.
Arrivée à un certain niveau de puissance et de complexité, la civilisation cesse de grandir, et, dès qu’elle ne grandit plus, elle est condamnée à décliner rapidement.
L’heure de la vieillesse va sonner bientôt.
« Cette heure inévitable est toujours marquée par l’affaiblissement de l’idéal qui soutenait
l’âme de la race.
À mesure que cet idéal pâlit,
tous les édifices religieux, politiques ou sociaux dont il était l’inspirateur commencent à s’ébranler.« Avec l’évanouissement progressif de son idéal, la race perd de plus en plus ce qui faisait sa cohésion, son unité et sa force.
L’individu peut croître en personnalité et en intelligence, mais en même temps aussi l’égoïsme collectif de la race est remplacé par un développement excessif de l’égoïsme individuel accompagné de l’affaissement du caractère et de l’amoindrissement des aptitudes à l’action.
Ce qui formait un peuple, une unité, un bloc, finit par devenir une agglomération d’individus sans cohésion et que maintiennent artificiellement pour quelque temps encore les traditions et les institutions. C’est alors que, divisés par leurs intérêts et leurs aspirations, ne sachant plus se gouverner, les hommes demandent à être dirigés dans leurs moindres actes, et que l’État exerce son influence absorbante.
« Avec la perte définitive de l’idéal ancien, la race finit par perdre aussi son âme.
Elle n’est plus qu’une poussière d’individus isolés et redevient ce qu’elle était à son point de départ : une foule.
Elle en présente tous les caractères transitoires sans consistance et sans lendemain.
La civilisation n’a plus aucune fixité et tombe à la merci de tous les hasards.
La plèbe est reine et les barbares avancent.
La civilisation peut sembler brillante encore parce qu’elle conserve la façade extérieure créée par un long passé, mais c’est en réalité un édifice vermoulu que rien ne soutient plus et qui s’effondrera au premier orage.
« Passer de la barbarie à la civilisation en poursuivant un rêve, puis décliner et mourir dès que ce rêve a perdu sa force, tel est le cycle de la vie d’un peuple… »
Ces lignes datent de 1895.Plus près de nous, l’historien anglais Arnold Toynbee écrivait aussi :
« La France est morte au champ d’honneur en 1918. »Le coup de grâce lui a été donné en 1940. Mais elle bouge encore, avec une classe politique pitoyable « de guignols qui se donnent en spectacle », vient de déclarer l’ancien ministre Bruno Le Maire…
Trés beau texte.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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